Revue Janvier 2024

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Dr Bruno Blaisse

L'édito

Tout d’abord je vous souhaite une bonne année 2024 et j’espère que vous réaliserez vos projets les plus chers, sans oublier toutes vos bonnes résolutions… qui même si elles ne durent pas toujours ont le mérite de vous faire réfléchir et de commencer à vous mobiliser…

Après tout 20% de résolutions maintenues c’est déjà un bon résultat (c’est d’ailleurs le principe du « Dry January »), et vous trouverez beaucoup de références à l’alcoolisme ce mois-ci.

Mais pour commencer offrez-vous une pause en écoutant : « Pascale Brillon : comment prendre soin de ceux qui prennent soin ? . Un bon ouvrier entretien ses outils !

Sinon la publication qui m’a semblé la plus remarquable ce mois-ci est celle de l’étude réalisée à l’université de Stanford sur la potentialisation de la suggestibilité hypnotique par la Stimulation Magnétique Transcrânienne répétée, ce qui confirme le rôle du cortex préfrontal* dans les processus hypnotiques. Ce n’est pas sans rappeler que la plus célèbre échelle d’hypnosabilité* est justement celle de Stanford, élaborée en 1965 par Ernest Hilgard* et André M. Weitzenhoffer*pour réunir des groupes homogènes lors de leurs recherches scientifiques sur l’hypnose.

Enfin les tarifs réduits pour le  « 13ème Forum de la Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves : L’hypnose le reflet des possibles », sont maintenus jusqu’au 31 Janvier 2024. Bonne nouvelle.

A écouter

Pascale Brillon : comment prendre soin de ceux qui prennent soin ?

Dans les kiosques

  • « Pour ou contre l’éducation positive ? » Bruno Humbeeck* nous offre un article magnifique d’intelligence, de modération et de compétence, qui confirme l’intérêt de choisir des véritables « experts », plutôt que des « spécialistes », plus ou moins autoproclamés dans les médias ( ce que récemment Nicolas Gauvrit * expliquait très bien dans sa conférence à l’Université Populaire de Philosophie de Toulouse). Il nous offre une analyse fine des mécanismes du dérapage en polémique et explique (métanalyses* à l’appui), que : « La science en éducation, n’a pas pour vocation de prescrire, mais uniquement de suggérer des pistes éducatives et de poser certains garde-fous salutaires » ; que ce ne sont pas les comportements éducatifs passagers (le fameux froncement de sourcil…), mais les comportements chroniques de sévérité parentale peu affectueuse qui sont dangereux, et il préconise donc un style éducatif chaleureux. Il précise que les deux camps sont d’accord autour de trois composantes majeures de l’acte éducatif : crier n’a aucune fonction éducative, les renforcements négatifs*(punitions) sont toujours moins efficaces que les renforcements positifs* (compliments) et qu’ « un enfant grandit mal dans un désert affectif ou dans un univers malveillant », pour conclure que « L’éducation ne se décrète pas, mais se réfléchit en partageant des connaissances fiables ».
  • « Eduquer n’est pas qu’une affaire d’opinion ». Grégoire Borst*en remet une couche en insistant sur les aspects pratiques d’une éducation chaleureuse. Mettre des limites, oui mais en les expliquant (raisons) et en indiquant à l’avance les conséquences négatives (sanctions) et positives (encouragements, récompenses) de leur respect et en adaptant ces renforcements au développement des enfants. Pour lui : « Eduquer ce n’est pas seulement poser des limites, ou faire appliquer des règles. C’est aussi et surtout aider à grandir, proposer des solutions, être présent pour prodiguer de l’affection et servir de modèle, tout comme apprendre des compétences à son enfant…….. La clé est d’adapter la réponse parentale à l’âge de l’enfant et à ses compétences socioémotionnelles ». Tout cela n’est pas inné pour les parents et « Sans être des professionnels de la cognition enfantine, les parents gagnent forcément à avoir au moins quelques notions essentielles en psychologie et neurosciences » pour aider leur enfant à maîtriser son impulsivité et analyser ses émotions, puis les réévaluer.
  • « Time-out : comment bien l’utiliser ». Franck Ramus* lui met carrément les pieds dans le plat et renvoie les pseudo-experts médiatiques à leur place. Il commence par donner la définition scientifique du temps-mort* avant d’en décrire en détail les rôles (punition*, retrait des stimulations, temps calme) et les modalités correctes d’application (expliquer à l’avance, ne jamais dépasser 5 minutes, etc.) scientifiquement validées, sans hésiter à démolir au passage les extrapolations délirantes de Daniel Siegel* et Tina Payne* et le livre de Caroline Goldman* où : « On ne trouve qu’un salmigondis psychanalytique et une culpabilisation des parents », avant de conclure que « La faible diffusion des connaissances scientifiques en psychologie au sein de la société française est une vraie perte de chance pour tous. »
  • « D’où viennent les étourderies ? » Sebastian Markett* nous explique les rôles respectifs des réseaux frontopariétal*, de saillance* et du mode par défaut* et nous rassure : rien d’inquiétant tant qu’il n’y a pas une augmentation forte et rapide des erreurs d’inattention (qui pourrait évoquer une dépression ou un début de démence).
  • « Ce que l’école n’enseigne pas (encore) ». Jean-Philippe Lachaux* explique que, contrairement aux intelligences artificielles, le cerveau humain sait prendre en compte le contexte pour adapter son comportement (par exemple entre la maison et l’école…), en utilisant un système de mémoires parallèles. Il s’agit d’un délicat exercice d’équilibre entre adaptabilité et concentration et il plaide pour le développement d’exercices spécifiques pour entrainer à un passage aisé entre ces deux états.
  • « Prends-moi dans tes bras !». Sébastian Ocklenburg* explique les bienfaits des accolades (ou « hug » en anglais) sur notre moral et notre santé.

L’avis de Bruno : Une bonne revue avec un dossier solide sur l’éducation positive. Un achat justifié.

  • J’avais bien aimé le premier fascicule sur le cerveau, celui-ci s’intéresse au corps et est donc moins en prise avec notre activité d’hypnopraticiennes.
  • Les articles du chapitre « Questions d’esprit » sont plus attirants, parlant de mémoire, sommeil, émotions, mais finalement assez décevants car trop superficiels.
  • En fin de compte ce sont les articles du chapitre « Types de sensibilité » consacrés aux cinq sens que j’ai préférés.

L’avis de Bruno : Beaucoup trop cher pour ce que c’est.

  • « Phobie scolaire : prévenir et guérir ! ». Je vous invite à lire cet article bien documenté et conseillé (David Cohen*, Laelia Benoit*, etc.) qui insiste sur l’urgence de dépister et traiter (au mieux dès le premier mois) ce trouble qui touche 4 à 10% des enfants et adolescents et est lié à un harcèlement scolaire dans 50 % des cas ( malheureusement l’article n’évoque pas la pénurie de psychologues scolaires…).  L’article pointe de nombreux facteurs, dont le système compétitif français et préconise de déculpabiliser les parents et les enfants.
  • « Enfants et écrans : le temps d’exposition n’est pas le seul facteur à prendre en compte ! » Un court article pour rappeler que le contexte éducatif familial joue un rôle important et pointer l’influence très négative de la télévision durant les repas familiaux.
  • « Santé mentale de la mère et santé émotionnelle de l’enfant ». Analyse d’un livre qui montre l’importance de la santé émotionnelle comme facteur de bien-être et l’intérêt de prendre précocement en charge les troubles mentaux des mères.
  • « Le sommeil est connecté au monde de l’éveil ! » Une étude récente de Delphine Oudiette* et Lionel Naccache* montre que des informations verbales sont captées pendant le sommeil et entrainent des réponses même chez des patients qui ne sont pas adeptes des rêves lucides*. Gageons que les industriels vont rapidement explorer ce filon pour l’enseignement…
  • « 4 Questions/réponses sur la mémoire des rêves ! » Robert Jaffard* apporte des réponses intéressantes.
  • « La créativité décryptée par les neurosciences ! » Ce dossier (27 pages) comprend 3 articles :
  • « Les bases cérébrales de la créativité » Cet article présente tout d’abord le modèle de Graham Wallas* (1926) : préparation, incubation, illumination et vérification, (que pour ma part j’avais appris à relier à la conférence de 1908 d’Henri Poincaré*), puis détaille le rôle du réseau du contrôle exécutif* et celui du réseau du mode par défaut* avant d’évoquer l’intervention du réseau de saillance* puis de décrire les relations entre émotions, plasticité cérébrale et créativité et de s’attarder sur l’expérience speech-to-song*  de Diana Deutch* qui montre qu’une phrase répétée plusieurs fois est perçue comme de la musique ou du chant (importance de la répétition dans la plasticité cérébrale, à rapprocher des mécanismes du Yes set*).
  • « Comment mesurer la créativité ? » Où on retrouve Big five*, pensée convergente* et pensée divergente*, test de Torrance*, combinaisons associatives , échelle de valeur créative, etc.
  • « Les petits secrets des esprits créatifs ! » Cet article s’intéresse surtout aux rapports entre troubles psychiatriques et créativité et ne manque pas d’intérêt, notamment quand il traite de l’expérience de pensée*.

L’avis de Bruno : Pourquoi pas, si vous voulez commencer à comprendre les mécanismes de la créativité et les relier aux théories psychologiques.

  • « Le monde mystérieux des rêves ». Deux pages de questions/réponses sans surprises (avec Jonathan Taieb* et Benjamin Putois*) et trois placements de produit…
  • « Antidépresseurs et anxiolytiques, faut-il les craindre ? » Un article très raisonnable avec Charly Cungi* et deux placements de livres…
  • « Mort subite du nourrisson : un message subliminal en cause ? » Un bref encadré qui signale une étude s’inquiétant des illustrations de paquets de couches avec des bébés dormant sur le ventre (position désormais connue pour augmenter le risque de mort subite).
  • « L’histoire de l’homéopathie continue… ». L’enfumage aussi ! Cet article est un modèle de désinformation, mêlant affirmations vagues et interprétations tendancieuses. Les études « scientifiques » sont en fait des études montrant que de nombreux médecins continuent à prescrire de l’homéopathie*, que le ressenti des patients est bon et la consommation d’anti-inflammatoires diminuée. Exactement ce que l’on attend d’un placebo* correctement prescrit ! Deux placements de livres et trois de site internet.

L’avis de Bruno : Un achat à éviter et à déconseiller.

  • Le format a changé mais il s’agit d’une des publications répétitives de Marie-Laure Cuzacq* sous un nouveau titre… et toujours avec un prix prohibitif et dans une taille de caractères riquiqui rendant la lecture fatigante!
  • Je me suis contenté de lire les textes consacrés à l’hypnose et j’ai pu constater à quel point des journalistes non qualifiés peuvent produire des articles dangereux, mélangeant tout et n’importe quoi, non par méchanceté mais par incompétence.
  • Pour le reste je me suis épargné la lecture des autres articles, ayant peut-être peur de me rendre compte que moi aussi j’écris des articles irritants sur des sujets que je connais bien peu comme les thérapies par exemple !

L’avis de Bruno : Une lecture à éviter et à déconseiller.

J’avais été un peu déçu par ma dernière lecture de cette revue, mais cette fois j’ai été très agréablement surpris par la rigueur scientifique des commentaires, capables par exemple de différencier les véritables publications scientifiques et les publications observationnelles.

Mieux, la revue n’hésite pas à donner des avis très tranchés (et documentés), notamment dans les chapitres consacrés aux différents dispositifs proposés par les marchands : « aucune validation scientifique », « très cher pour peu d’intérêt » ; « existe en moins cher ailleurs », etc.

L’hypnose est parfois citée (mais très accessoirement et dans le cadre de référence des recommandations de la HAS* de 2019), ainsi que les psychothérapies de type TCC*.

Par contre le dossier est vraiment très détaillé tant en prévention qu’en diagnostic ou en curatif et je pense qu’il est utile de l’avoir comme outil de référence sur ce thème.

L’avis de Bruno : Un bon dossier à garder comme outil de référence

Notes de lecture

  • « Guide pratique de la communication avec le patient ». Constantino Iandolo. MMI Editions. (2001). 9.62 €. (192 pages). Ed Elsevier. (2007). 48 €. (224 pages).
  • Mon édition est la première et n’est pas toute jeune… mais la réédition date elle aussi ! Je n’avais jamais entendu parler de ce livre avant de faire mes recherches sur la communication thérapeutique* et j’ai été bluffé.
  • Jamais jusqu’à présent je n’ai lu de livre aussi détaillé sur la communication, les premiers chapitres sont extraordinaires. Le seul bémol est justement sa qualité scientifique qui le rend moins facile d’accès que « La communication dans le soin », dont je vous ai parlé en Novembre 2023. Ce livre me semble moins directement utilisable en pratique mais justement il permet d’ approfondir ses connaissances, de vérifier ses pratiques et est idéal pour préparer une formation.
  • Les derniers chapitres (dans mon édition) me semblent dépassés, mais tout le reste est passionnant.

L’avis de Bruno : Un livre de référence.

Trouvailles chez le bouquiniste

Ouvrons notre champ des possibles avec l’hypnose. Olivier Laruelle. Ed Le courrier du livre. (2020). 14 /8 €. (140 pages). Mon bouquiniste préféré sait que je recherche des livres sur l’hypnose… difficile de ne pas les acheter quand il vient me chercher dans la rue pour me montrer sa dernière trouvaille ! Tout cela pour dire que sans cette excuse je n’aurais jamais acheté ce livre écrit par un « maître praticien » en hypnose et PNL*… et mes craintes ce sont confirmées. L’auteur est un manager reconverti en « thérapeute » avec l’aide de l’Arche* , mais surtout un personnage à l’ego surdimensionné qui nous abreuve du récit de ses exploits et surtout de ses addictions : bouffe, alcool, codéine, réseaux sociaux…. puis sport à outrance (blessures à l’appui) : vélo et marathon. Tout cela saupoudré d’épigénétique*, de théorie des cordes, de fascination pour les coïncidences, d’un peu d’hypnose à la sauce Kevin et d’innombrables références aux idées de la Programmation Neuro Linguistique*.

L’avis de Bruno : Un livre et un « thérapeute » à éviter. La thérapie doit être réservée aux psychologues et professionnels de santé spécialement formés.

Théâtre - Télévision - Films - Spectacles - Expositions

Paris. Un grand musée des illusions d’optique, malheureusement à un tarif plein très consistant : 27 € !

« Les mots de la fin ». Documentaire de Gaëlle Hardy & Agnès Lejeune. Sorti en 2022. (72 & 52 mn). Reportage qui montre les consultations fin de vie au CHR de la Citadelle à Liège.  Projection-débat à Toulouse au cinéma American Cosmograph le 18 Janvier 2024 à 20h30 avec le Dr Cédric Chaissac*, chef de service de l’Unité de Soins Palliatifs de l’Hôpital Joseph Ducuing à Toulouse.

« Souffrances psychiques adolescentes et mobilisations parentales ». Université Populaire de Philosophie. Toulouse. 19 Janvier 2024 à 20 h 30. 5 €. Conférence de Pascale Manuelo*.

Par thème

Addictions

Communication

Deuil, Soins palliatifs

Douleur

« Bande dessinée : traiter la douleur avec humour, c’est possible ». Sciences & Avenir. 10 Janvier 2024. Si vous êtes sensible à l’humour Fluide Glacial

Gynéco-Obstétrique, Sexologie

« Mères anonymes ». Arte. Décembre 2023. 30 épisodes de dessin animé de 3 minutes où des mères racontent leurs galères dans une parodie de réunions d’alcooliques anonymes.

Hypnose

Méditation

« Quiz : méditation pleine conscience, les applications thérapeutiques ». Medscape. 08 Décembre 2023. Révisez vos connaissances…

Pédiatrie, Education

Psychologie

Sciences & Neurosciences

Sommeil

Syndrome de stress post-traumatique

Thérapie

  • « Radio pinpon. » Francetv.   07 Janvier 2024. Découvrez les quatre épisode du reportage sur la radio de l’hôpital psychiatrique de Niort.
  • « Que penser des magnétiseurs ? » France Inter. Grand bien vous fasse. 11 Janvier 2024. (52 mn). Avec Bruno Falissard*, Fanny Charasse* et Abdu Gnaba*. Une excellente émission avec des interventions très claires de Bruno Falissard*. Un seul regret : la puissance de la parole est bien mise en avant, mais pas un mot sur l’aspect hypnotique de ces pratiques.

Hypnose conversationnelle et communication thérapeutique

  • « Il vous est interdit de… » devient  « Vous devez vous abstenir de… ».
  • Pour exprimer vos émotions utilisez le Je et parlez de Vous. Quand vous êtes énervé et dites « Tu es », on entend « Tuez » ou « Tu hais » !

Vie professionnelle