Revue de presse Octobre 2025

Dans les kiosques

    • « Sommes-nous vraiment maîtres de nos vies ? » Cet article revient sur la théorie de Robert Sapolsky*qui considère que nos actions sont le résultat de processus inconscients et l’examine sous l’angle de vue philosophique : opposition entre « compatibilisme » (nous ne maîtrisons pas ce qui nous arrive mais la manière dont nous réagissons dépend de nous) et « incompatibilisme » (nous ne faisons qu’interpréter après coup ce qui nous arrive). Un grand débat philosophique.
    • « Pourquoi apprendre ? La curiosité, moteur de l’existence ». Un grand dossier de 30 pages.

Au total : Avant tout philosophique.

    • « Trauma : vers un nouveau médicament ? » Une molécule coréenne qui agit sur le neurotransmetteur du cortex préfrontal* : le GABA.
    • « Pourquoi certaines personnes n’ont pas d’images mentales ». Paolo Bartolomeo* explique que certains cas d’aphantasie* comportent un trouble des relations entre le lobe temporal inférieur gauche et le cortex préfrontal* gauche. Il plaide pour une détection de ce trouble (1 à 4% de la population) dès le début de la scolarité pour adapter les méthodes d’enseignement.
    • « Bien dormir, enfin ! » Isabelle Poirot* fait un large rappel des notions fondamentales sur le fonctionnement du sommeil et les différents types d’insomnie. Elle présente ensuite la prise en charge des insomnies par les TCCi* qui donne 80 à 90 % de réussite au long terme en associant restructuration cognitive, restriction du sommeil, contrôle des stimuli et accompagnement thérapeutique. NB : Ce dernier point est fondamental pour adapter la thérapie au cas spécifique de chaque patient et non appliquer une recette trouvée dans une publication (style développement personnel*) comme le rappelle Yves-Alexandre Thalmann* dans son article de cette même revue.
    • « Notre environnement n’est plus propice au sommeil ». Damien Léger* détaille tous ces phénomènes perturbateurs qui gâchent nos nuits, et en premier la lumière et le bruit. Il propose quelques solutions et regrette que le traitement par les TCCi* soit limité par le petit nombre de thérapeutes qualifiés.
    • « Prudence ou excès de précaution ? » Christophe André* explique que la prudence consiste à agir après avoir évalué les risques et conséquences de ses actes (y compris pour les autres) et est une forme sobre et tranquille, non spectaculaire du courage.
    • « Micro-habitudes : changer sa vie petit à petit ? » Cet article s’intéresse à une mode de développement personnel* et en précise les bases scientifiques et les limites. Une des clefs du succès consiste à lier la nouvelle habitude à une routine déjà existante (méditer après son café, etc.) ou à planifier clairement le lieu et le moment prévu pour la nouvelle habitude (10 pompes dans ma chambre tous les soirs à 19h30, etc.), mais le succès dépend surtout de la répétition, donc de la persévérance ,qui elle dépend de la motivation. Enfin supprimer une mauvaise habitude est encore plus difficile et dans ce cas il est souvent plus efficace de la remplacer par une autre moins toxique.
    • « Encore un livre inutile ! » Yves-Alexandre Thalmann* dit tout le mal qu’il pense de certains livres de développement personnel*.
    • « Le langage repose sur des biais cognitifs ». Isabelle Dautriche* explique les expériences qui ont permis de découvrir ce phénomène et notamment le fait que nous accordons plus d’importance à l’agent (l’acteur) qu’à l’objet en raison d’un biais attentionnel. Elle présente ensuite la construction du langage à partir de briques de base et le concept de compositionnalité*.

Au total : Un excellent article sur le traitement des insomnies.

  • Cerveau & Psycho. Novembre 2025. 7.5 €.
    • Un dossier sur le TDAH* dont je vous parle le mois prochain.
    • « Santé mentale : quand la biologie éclaire les soins ». Cet article de quatre pages fait le point sur les connaissances actuelles des relations entre biologie et psychiatrie, avec un focus notamment sur les réactions inflammatoires, le TSA* et la schizophrénie*. A noter aussi la présentation du Suivi Thérapeutique Pharmacologique qui permet l’adaptation optimale pour chaque patient.e de traitements ayant souvent une marge thérapeutique étroite, l’insistance sur la période cruciale de l’adolescence et la nature multifactorielle des troubles psychiatriques.
    • Le Hors-Série « La conscience » de Mai 2025 est joint gratuitement (11 €) sous emballage plastique en kiosque.
      • « La vraie nature de notre conscience est discrète, au sens mathématique ». Long entretien (5 pages) avec Lionel Naccache* sur les notions de conscience et de subjectivité. Celui-ci explique : « Je m’inscris dans une longue tradition philosophique qui définit la conscience comme la capacité à se rapporter, subjectivement, c’est-à-dire à la première personne, un objet mental quel qu’il soit, comme : « Je vois cette tasse » ou « Je me souviens de… ». Il développe ensuite l’évolution des théories sur la conscience et particulièrement celle de l’espace de travail neuronal global* (que son équipe défend) mais aussi la théorie de l’information intégrée* de Giulio Tononi* avec leurs différences et leurs points communs. Il aborde de nombreux sujets comme le sommeil, le mind blanking*, les zombies philosophiques*, etc. Pour les relations entre le corps et la conscience sa position est médiane : « Pour arriver à construire cet objet mental qu’est le sujet conscient, je pense qu’il existe une période précoce qui requiert ces interactions entre le cerveau et le reste du corps, afin de faire émerger une représentation de soi. » Il termine en affirmant que : « La conscience (et la subjectivité) précède toutes les contraintes qui peuvent gêner son épanouissement. » Une lecture ardue mais passionnante.
      • « Un dialogue intérieur vu de l’extérieur ». Lionel Naccache* explique comment les neuroscientifiques explorent le cerveau à partir de théories (ici l’espace de travail neuronal global*) et d’expérimentations. Il explique la différence entre éveil et conscience et le rôle de la formation réticulée et les découvertes récentes sur les périodes d’éveil durant le sommeil, mais aussi la notion de « connectivité fonctionnelle » et ce qu’est une « matrice ». Enfin il évoque la recherche de signatures physiologiques de la conscience et la relation étonnante entre le cœur et la conscience de soi.
      • « La mort imminente, une porte vers la conscience ? » Cet article détaille les études scientifiques faites rétrospectivement sur des sujets ayant eu des expériences de mort imminente*, mais aussi les études prospectives réalisés sur des mourants (arrêt cardio-respiratoire) ayant survécu, en utilisant des enregistrements EEG *, des tests cognitifs, etc. Il signale une plus forte probabilité d’EMI* chez les personnes ayant des épisodes d’« intrusion du sommeil paradoxal » et un « recouvrement frappant » entre les expériences d’EMI* et l’exposition aux psychédéliques (DMT*).
      • Dans la tête d’un zombie » ? Philip Goff* explique le mécanisme des recherches sur la conscience utilisant la notion de zombies philosophiques*, soit une entité complexe conçue pour se comporter exactement comme un être humain,  avec le même traitement de l’information dans son cerveau, mais sans conscience… à la découverte du mystère de l’harmonie psychophysique* !
      • « La guerre des cerveaux ». Je vous ai déjà signalé dans une autre revue cet article très instructif sur la violence des oppositions entre tenants des différentes théories de la conscience et la difficulté d’organiser une réunion de collaboration « adversariale » !
      • « Toutes nos expériences conscientes trouvent leur origine dans cet impératif fondamental qui est de rester en vie ».  Anil Seth* lui penche plutôt pour la théorie de l’information intégrée* mais insiste surtout sur les progrès de la science dans la connaissance de la conscience et le fait que la conscience et la vie sont étroitement liés. Il pense que : « La perception est une construction active dans le cerveau et que son but n’est pas de créer une représentation véridique et précise du monde réel, mais plutôt d’aider à la survie d’un organisme. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, mais tel qu’il nous est utile. »
      • « Une subjectivité artificielle ? » Christof Koch* revient sur l’opposition entre les deux théories principales de la conscience (GNWT* et TII*) et des conséquences quant à l’IA*et notamment la possibilité d’avoir, ou non, un jour une IA* avec une conscience (et donc des droits…).
      • Et plein d’autres articles….

Au total : Un article pointu sur biologie et psychiatrie, mais surtout le Hors-Série sur « La conscience » gratuit qui justifie l’achat.

Par thème

« Mon psy utilise ChatGPT ». France Inter. 30 Septembre 2025. (04 mn)

  • « Se réveiller sous anesthésie : qui est à risque et pourquoi ? » Medscape. 12 Septembre 2025. Un risque, rare mais très traumatisant, à ne pas oublier pour lequel l’hypnose peut-être une grande aide. Quand il entendait des intervenants tenir des propos inappropriés pendant une intervention Dabney Ewin* disait, par précaution : « Je ne comprends pas ce qu’ils disent, ce doit être du chinois » pour induire une amnésie par confusion*.